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Pierre Béarn

par lui-même

 

Je suis né à Bucarest, en Roumanie, par la faute de ma mère qui s’ennuyait trop à Paris, où mon père l’avait abandonnée enceinte, après l’avoir séduite lorsqu’elle avait seize ans. Mon père était alors chef cuisinier de Marguiloman, Premier Ministre roumain. Cuisinier de grande classe, il n’acceptait alors que des postes de prince. Il avait vingt ans de plus que ma mère, étant né à Montereau le 16 mai 1864, tandis que ma mère, Cécile Dupant, naquit à Nogent-sur-Seine le 1er décembre 1884. Ils se marièrent à l’ambassade de France de Bucarest, le 28 mai 1902, dix-sept jours seulement avant ma naissance. J’ai vécu les quatorze premiers mois de ma vie à Bucarest.

Mon père était un brutal ; il m’éleva rudement, et il fit bien ; je devais être insupportable. Lorsqu’on m’enfermait dans les cabinets, je tirais inlassablement sur la chasse d’eau. Hélas, il n’était pas que brutal : il jouait aux courses, où l’héritage de ses parents fut dilapidé avec le reste. Ayant été empoisonné, aux Indes, par les cuisiniers indigènes d’un maharaja en vue de prendre plus rapidement sa place, mon père était sujet à de brusques accès de fièvre et de misanthropie. De grand cuisinier de maison bourgeoise, il tomba bientôt au rang des « extra » ; le mot dit bien la fonction.

Mon enfance est peuplée de faisans à longue queue que mon père rapportait tous les lundis, à la suite des repas de retours de chasse ; mais l’argent filait aussitôt sous les sabots bien organisés des chevaux de courses. Contrainte de travailler, ma mère – petite femme brune aussi jolie que courageuse – devint vendeuse dans une charcuterie : le pire des métiers. Nous l’attendions tous les soirs, ma soeur et moi, sous la table de notre salle à manger, dans un petit appartement, 9 rue de Tocqueville, dans le XVIIe. Après quoi, mon père se mit à vendre des frites, place des Bourguignons, à Asnières, jusqu’au jour où le feu calcina ses trois marmites. Du boulevard Voltaire à Asnières, où ma mère était devenue concierge, nous émigrâmes à Saint-Ouen, dans une rue qui portait aussi le nom de Voltaire.

C’est sur la zone, au bas des fortifications de Paris que se transforma mon enfance de petit bourgeois en gosse du peuple qui doit lutter pour survivre.

Tocqueville, Voltaire, Voltaire…, mon père n’était pourtant pas un lettré. Né d’une haute famille de propriétaires terriens qui se faisaient peindre par des « artistes » sur deux mètres carrés de toile, il ne devait avoir que son certificat d’études ; ce qui n’était pas si mal en ce temps-là.

Entre-temps, mon père s’était installé restaurateur à l’angle de la rue du Roi-d’Alger et de la rue Neuve-de-la- Chardonnière, près de la porte Cliguancourt. C’est dans ce restaurant d’ouvriers que je fis la première rencontre importante de ma vie : Yves le Boulanger, un lutteur de foire. Il m’apprit l’argot, et je me mis à écrire des poèmes dans cette langue, en déformant Victor Hugo que je venais de découvrir.

La clientèle de mon père ? Des débardeurs, des chiffonniers, des bons à tout faire, des bateleurs, des lutteurs de foire, des pipelets, des douaniers, la bande à Bonnot. Entre deux bouchées, la langue parlée n’était pas le français mais l’argot. J’avais acquis, dès mes neuf ans, une certaine habileté à marier entre elles les expressions qui couraient alors les rues. C’était avant la guerre de 14, je vivais à ras de trottoir, émerveillé de vivre. Il faut dire qu’en ce temps-là, Paris était encore une ville fortifiée, cernée par de hautes et profondes fortifications à la Vauban. Les barrières de Paris étaient peuplées de douaniers experts en l’art de retrousser les jupes des ménagères dans les tramways afin d’y découvrir, dans leurs filets, les marchandises achetées dans la banlieue à meilleurs prix et qu’ils étaient chargés de taxer. Les voitures à essence qui allaient devenir les fameux taxis de la Marne étaient contraintes de stationner aux grilles d’entrée afin de permettre la vérification du litrage de leur carburant. Ils recevaient alors un certificat attestant le contenu de leurs réservoirs, un contenu qui devait, à peu près, rester le même à l’entrée comme à la sortie. Souvent de la caserne Clignancourt, nous venait un appel sentimental auquel aucun gosse de ce quartier pouilleux ne pouvait résister : l’orchestre ambulant des clairons et des tambours. Tous alors nous courions emboîter le pas des soldats en pantalons rouges qui défilaient derrière le drapeau de la France, au rythme de la musique, avant de s’en aller singer la guerre (toute proche) dans l’herbe jaunie des fortifs. Mon père m’avait, au préalable, amplement dressé. Il me battait pour que je lui ressemble. Il m’obligeait à porter des faux cols en celluloïd et des cravates à pois multicolores afin de faire naître autour de moi la raillerie et, dans mon coeur, la haine de la parade et des signes extérieurs de l’aisance. D’où mon goût pour les vêtements de velours et les chandails des charpentiers de l’époque, alors que j’étais devenu, dans les années trente, bouquiniste au Quartier latin. J’ai poussé le défi jusqu’à recevoir les clients en sabots.

Lorsque j’ai troqué mes culottes courtes contre un pantalon long, j’ai dû dire : « A moi la vie ! » mais ce n’était pas à la façon d’un gosse de riche qui reçoit une Alfa-Roméo pour ses vingt ans. Moi, pour une rondelle de roudoudou chez l’épicier, je devais éplucher un seau de pommes de terre avant de partir pour l’école. J’ai pris, dés ce temps-là, l’habitude de vivre en solitaire. Très vite, dans les rues populaires d’Asnières, de Saint-Ouen et du quartier Clignancourt où mon enfance montait en graines, j’ai compris qu’être un homme c’est d’abord savoir inspirer la crainte, le respect. Que serais-je devenu, fils de commerçants, dans la foule des petits roquets de la Barrière si je n’avais compris qu’il fallait très vite rendre les coups et créer la crainte de ceux qui allaient suivre ? Petits et grands, nous vivions dans les ruisseaux, comme des chiens dont il sera toujours assez tôt de supporter la présence. On ne rentrait que pour la soupe. Le cinéma existait déjà : Rigadin, Max Linder, la Dame aux dents blanches, les Mystères de New York ; mais le vrai cinéma, c’était dans la rue. Chaque soir, les femmes se chargeaient d’offrir gratuitement des cavalcades de démence et de crêpage de chignons. Et puis, l’effervescence se calmait car le cirque aux rats se mettait en place au bord des trottoirs. Des ratières se dressaient, de place en place, au-dessus d’une meute de chiens affolés. On les secouait et les rats finissaient par tomber et promptement déguerpir. Quel cirque ! Toutes les commères du Roi d’Alger et de la Chardonnière oubliaient leur rancune. On leur présentait les ratières comme des cages de luxe dans les concours de beauté des perroquets : « Admirez mes oiseaux des îles, mes rats dodus, mes rats musclés ! » Et les rats devenaient aussitôt des oiseaux des îles possédés par la peur et qui, secoués, comme de la salade, dans les ratières, finissaient par bondir et fuir dans une multitude de sillages qui rendaient fous les chiens et les femmes. Quel cirque. Et comment ne pas en être marqué ?

Une nuit, las de vivre battu, j’abandonnai ma famille en fuyant par la fenêtre. J’avais dix ans et, déjà, la volonté de vivre libre. Dehors, un gosse m’attendait ; et nous entreprîmes de rejoindre Nantes, à pied, pour devenir mousses ! Crevant rapidement de faim et de fatigue, nous revînmes trois jours après, cramponnés au cul des tramways de la ligne Versailles-Louvre. Vaincus, mais avec l’orgueil de n’avoir pas été repris par les gendarmes. Durant cette fugue, j’ai appris que les légumes ne poussaient pas chez les épiciers !

Mon premier métier ne dura que deux mois. Pour connaître la mer, j’avais accepté d’être groom dans le manège de ma tante à Cabourg ; manège qu’elle transformait peu à peu en garage puisque les gens riches de ce temps-là (1912) abandonnaient déjà leurs chevaux de race pour les chevaux-vapeur de l’industrie. Mais de très belles cavalières, que ma tante, grande dame, traitait cavalièrement, venaient encore de Paris à cheval, par la route.

Côté lectures, je dois beaucoup à mon instituteur de troisième, homme étonnant qui entraînait sa classe tous les jeudis à la connaissance d’un musée, à l’escalade de la tour Eiffel, au voyage circulaire dans les wagons de la grande roue, au château de Versailles, au tombeau de Napoléon, etc. Il me fit aussi connaître Loti et Farrère, Leconte de Lisle et Hérédia, car il était également passionné de poésie.

A la veille de la guerre, mon père vendit son restaurant minable pour aller s’installer dans les beaux quartiers de Paris. Sans doute avait-il entrepris une sorte de remontée sociale ; mais, comme il manquait d’argent, il n’avait guère fait que changer de quartier. En 1914, le 36 de l’avenue de Malakoff, dans le XVIe arrondissement de Paris, à deux cents mètres du Trocadéro, était constitué, en profondeur, par une ruelle mal pavée bordée de masures ; sorte de village usé, obstinément pauvre, dans un quartier de plus en plus riche. Le restaurant de mon père prolongeait, en façade sur l’avenue, cette impasse. Un des premiers clients, me voyant le nez dans des livres à longueur de soirée, me prit bientôt comme élève du soir. Professeur rayé des cadres pour s’être trop occupé de politique, il était tombé au rang de commis chez Bouffanais, un marchand d’étoffes de la rue de Longchamp. Quelque temps plus tard, il me fit connaître son fils : Pierre Véry, un gamin de deux ans plus vieux que moi, futur auteur des Disparus de Saint-Agil, de Goupi mains rouges et d’une cinquantaine de romans de mystère.

Passionné de vélo, j’entraînai très vite Pierre Véry sur les routes et nous connûmes, durant plusieurs années, l’ambition de gagner à la fois le prix Goncourt et le tour de France cycliste ! Je n’ai pas honte de cette déraison qui nous grandissait hors de mesure.

Puis brusquement mon père se suicida, écoeuré par la guerre. Pour soutenir ma mère restée veuve avec trois enfants, je devins livreur de bière, apprenti mécanicien, ouvrier d’usine, vendeur à la sauvette, commis d’architecte dans les ruines du village de Bettencourt ; enfin sténodactylo.

Lorsque ma mère mourut le 12 mai 1921, j’éprouvai brusquement la sensation d’être un homme seul, c’est-à-dire cerné d’ennemis et de dangers. Heureusement, il me restait Pierre Véry et la poursuite de nos rêves. C’est ainsi que tout naturellement nous en vînmes à vouloir réaliser une idée merveilleusement déraisonnable : aller vendre du vin aux Indes ! J’étais alors, il est vrai, secrétaire des restaurants Ramponneau.

Fort bien pourvus d’espérances, mais aussi d’échantillons de vins et d’alcools, avec une mallette bourrée de prospectus et de tarifs, nous débarquâmes, un matin de mai 22, à Marseille, pour nous installer dans une chambre providentielle, à « l’Hôtel des Hommes », derrière la place de la Bourse. L’enseigne était déjà une réussite, bien que ce fût alors celle d’un hôtel timide, au carrefour d’un groupe de maisons attardées là comme des vieillards.

Le lendemain, dès l’aube, l’aventure nous envoyait deux policiers en civil pour vérifier si nous n’étions pas des insoumis en fuite ; mais nous venions, Pierre et moi, d’être ajournés pour insuffisance de tour de poitrine. Le vélo nous avait donné cuisses robustes et beaux mollets, mais pas de pectoraux. Nous étions des mal-poussés.

L’achat du ticket de train Paris-Marseille avait réduit de moitié notre pouvoir d’indépendance. Nous ne pouvions espérer vivre plus de quatre semaines, et d’une manière précautionneusement étriquée par de savants calculs, à la manière des naufragés sur une île. A cette époque-là, un jour avait pour nous la longueur d’une semaine.

Puisqu’il n’était pas question de payer notre passage sur un paquebot pour les Indes, deux solutions se présentaient : voyager à bord clandestinement – ce que devait réussir un autre disparu de Saint-Agil, Georges Ninaud, pour gagner New York – ou se faire embaucher comme manoeuvres sur un navire en partance. Cette dernière solution ayant prévalu, nous assiégeâmes les compagnies de navigation de Marseille.

L’échec vint de ce que nous étions trop déterminés à gagner les Indes ; c’est-à-dire, visiblement, à déserter dès Chandernagor, Pondichéry ou Calcutta ; peu importait le port pourvu que nous ayons les Indes ! En outre, les bureaucrates ne parvinrent jamais à admettre que nous étions incapables de payer nos envies avec de l’argent. C’est alors que nous commençâmes de vivre, Pierre et moi sur nos échantillons de vins et d’alcools, n’achetant plus que du pain, pour compléter.

Trois semaines plus tard, nous étions toujours à l’« Hôtel des Hommes » le ventre aussi creux que l’imagination. Que faire ? Il n’était pas question de revenir à Paris.

Brusquement, tout se régla : on offrit à Pierre Véry une place de garçon de cuisine sur un cargo en partance pour Séville et Casablanca, et je pris un engagement de trois ans dans la Marine de guerre. Mon premier navire fut un cuirassé de 24000 tonnes, le Jean Bart que je rejoignis à Constantinople. 900 hommes d’équipage ! Heureusement, un lieutenant de vaisseau me surprit écrivant un poème, debout, sur une des parois de blindage. Un poème ! mais que faisiez-vous dans le civil ? sténodactylo ? Mais c’est un métier de femme ! Oh oui, mais cela me permettait d’écrire au plus vite et de m’imprimer ! Bref, ce métier me permit de devenir bientôt le secrétaire de l’amiral qui commandait l’escadre française d’occupation des Dardanelles, et très vite une sorte de privilégié haïssable pour l’équipage. Alors, je fis venir du journal L’Auto, des gants de boxe et m’entraînant chaque matin avec un jeune boxeur amateur sur le spardeck, une bonne heure avant le réveil, j’obtins le respect et la paix.

Lorsqu’en 1925 je revins à Paris, où m’appelaient des forces plus puissantes que celles des évasions rudimentaires, Pierre Véry était devenu bouquiniste, 52, rue Monsieur-le-Prince au quartier Latin.

L’écriture restant mon souci, c’est tout naturellement qu’après de longs mois passés à m’accommoder de vivre dans des métiers du genre barman, sommelier, de nouveau secrétaire des restaurants Ramponneau, gérant de brasserie des Coopérateurs de France, courtier en publicité, etc., je devins l’échotier gastronomique de La Semaine à Paris puis son secrétaire de rédaction jusqu’au jour, fort malencontreux, où j’oubliai de modifier la date sur la couverture du prochain numéro, à la grande colère de son directeur Charles de Saint Cyr.

La gastronomie étant alors florissante, Curnonsky, qui n’était pas encore Prince des Gastronomes, me prit pour secrétaire et je l’aidai, durant plus d’un an, à rédiger une fois par semaine la page gastronomique de Paris-Soir. Il écrivait l’éditorial, je remplissais le reste. Cela dura jusqu’au moment où Alexis Caille ayant abandonné la direction, nous vîmes apparaître un petit jeune homme du nom de Pierre Lazareff, suivi d’une poignée de maigrichons ambitieux dont le désir secret était de badigeonner avec du sang la une de notre Paris-Soir.

Heureusement, j’étais aussi devenu critique d’art, n’y entendant pourtant rien, dans un quotidien du matin : Paris-Presse où toujours accrocheur et solitaire, profondément orgueilleux sans doute, je rédigeai seul, du 18 avril 1929 au 25 juillet 1930, une page entière sur les Arts. Mais, toujours ponctuel, un matin, nous vîmes apparaître le même petit jeune homme avide de « sang à la une », suivi d’une équipe de maigrichons à peine différente, qui nous chassa paisiblement de nos tables. Le propriétaire de ce Paris-Presse des années trente possédait également La Presse, de Montréal. Il ne nous payait plus depuis six mois ; mais ce potentat canadien ne dut pas davantage payer Lazareff, car Paris-Presse mourut quelques mois plus tard.

Sans argent, pour en avoir trop longtemps espéré venant du Canada, j’en fus bientôt réduit à l’emprunt. J’ai connu beaucoup de tapeurs dans ma vie : Maurice Sachs, Pierre Berger, André de Richaud, notamment, qui pratiquaient assidûment ce métier déprimant et, très aléatoire, dont les règles sentimentales sont quasiment impérieuses. Je n’avais pas la manière. Heureusement je me souvins que durant ma fugue enfantine, aucun boulanger n’avait refusé le morceau de pain que je quémandais. Je refis l’expérience en faux col, avec la même réussite ; les hommes me donnaient du pain rassis ; les femmes, des croissants. J’ai vécu de cette façon plus de huit jours avant de découvrir la vaste entreprise de boustifailles des Halles où je devins un joyeux et efficace homme de peine ; puis, Pierre Véry, que le cinéma fascinait, s’apercevant par ailleurs que ses deux meilleurs amis, Georges Ninaud et moi, étaient dans la misère, nous vendit à crédit sa bouquinerie.

C’est ainsi que je devins bouquiniste, le plus merveilleux métier du monde, 52, rue Monsieur-le-Prince. En 1933, à la veille de la guerre, cette boutique étant devenue trop petite (on achète cent livres, on en vend quarante) j’eus l’audace d’acheter, quelques mètres plus loin, au 60, une épicerie de luxe que les rigueurs du temps avaient réduite à la faillite. Le notaire en voulait vingt mille francs 1938 ; je les avais tout juste mais restaient à régler les frais, les six mois de loyer d’avance, etc. Un libraire suisse, Otto Hafner, de la maison Steichert de New York, m’offrit alors vingt mille autres francs de main à la main, sans intérêts, sans même un reçu.

Cette boutique était immense ; je la fis malencontreusement couper en deux et mon ami, José Corti, l’éditeur des Surréalistes, s’installa dans l’autre moitié, tout à fait au fond, sur la cour.

Cette épicerie avait une histoire qu’André Billy signala dans Le Figaro littéraire quelques années plus tard. C’est là, en effet, que Balzac achetait ses chandelles et son café, à l’enseigne du Mortier d’argent que, dans ses romans, il situe place Saint-Michel ; mais cette place occupait autrefois le carrefour Edmond-Rostand, à l’entrée du jardin du Luxembourg, c’est-à-dire à quelques mètres de là. Billy signale également que j’avais conservé les casiers et les meubles de l’épicerie et même la caisse en bois sculpté où Balzac alignait sa monnaie pour ses achats. La maison porte le millésime 1629 sur ses poutres dont la plus importante a failli se rompre sur ma tête vers 1950. Au XVIIIe siècle, la marquise de Pompadour venait chez moi faire moudre son cacao dans une mécanique qui resta posée sur ma caisse jusqu’en 1937, mais qu’on ne me vendit pas avec le fonds.

La proximité du boulevard Saint-Michel me contraignit bientôt à devenir également libraire de neuf. On me demandait sans cesse Gide, Claudel, Proust, Péguy, dont je n’avais jamais, d’occasion, les titres les plus demandés. J’ai fini par avoir en « neuf » tout Gide, tout Claudel, tout Proust, tout Péguy. Grave erreur, et qui achevait de me ruiner, car la guerre était proche, et l’on se mit à me demander Martin du Gard, Alain Fournier, Paul Morand, etc.

L’écriture, ce n’est pas obligatoirement un métier d’homme riche mais, à coup sûr, ce n’est pas un divertissement de pauvre. J’ai payé ma joie d’écrire par de nombreuses années de travail intense. Je n’ai rien écrit de valable durant mes temps de vulnérabilité. On n’a pas envie d’écrire lorsqu’on a faim. D’où, sans doute, que mon oeuvre est tardive, et mal orchestrée.

J’ai tapé sur beaucoup de clous, sans parvenir à les enfoncer ou à me restreindre. J’ai été tour à tour : écrivain gastronomique ; critique d’art ; romancier de la mer ; romancier d’anticipation ; écrivain populiste, exotique, éducatif ; poète de la mer, du monde ouvrier de l’Afrique ; homme de radio ; conférencier ; fabuliste ; enfin poète de l’amour. Pourquoi me serais-je amputé ? Je n’ai jamais voulu faire « une carrière ».

Dès lors, pourquoi se plaindre d’une certaine méconnaissance du monde littéraire à mon égard ? Je n’ai pas voulu jouer le jeu. Tant pis pour moi. Pour réussir, il faut se spécialiser. Il est vrai que, durant 40 ans, je n’ai été que “le libraire qui écrit” donc un être malfaisant puis, avec ma revue Passerelle que j’écrivis seul durant 18 ans : un égoïste.

Toute ma vie, je n’ai eu qu’un seul souci : être libre ! Cela aussi se paie.

Et puis il y a, dans tout ce que j’ai écrit, un côté sentimental qui n’est plus à la mode. « Vous semblez croire, m’écrivit à plusieurs reprises Jean Paulhan, que la sincérité suffit… » A coup sûr, pas pour pénétrer dans le sommaire de la Nouvelle Revue Française !

La sincérité est-elle un défaut ? Certes. Mais comment ne pas être direct et sincère lorsque la vie vous contraignit à conquérir ce que d’autres reçoivent dès leur naissance ? J’ai connu mes premières misères d’homme à l’âge où d’autres en sont encore à sucer du roudoudou. J’ai connu la solitude, en culotte percée, dans le brouhaha surpeuplé du marché aux puces, à Saint-Ouen, les cours du soir, parmi les disputes des joueurs de cartes dans le bistro de mon père ; la sexualité, par le trou des serrures. J’ai tout acquis, et pratiquement tout appris, seul. Orgueilleux orphelin, j’ai constaté très vite que je n’étais nulle part à ma place, nulle part heureux, sinon lorsque j’étais seul. Ce n’est pas une bonne politique pour réussir. Mais réussir à quoi, au bout du compte ? La réussite, c’est ce que l’on donne ; ce n’est pas ce que l’on reçoit. C’est aussi la synthèse de l’amour.

J’ai toujours écrit avec l’espoir qu’un jour ou l’autre ceux qui vivent sur les mêmes longueurs d’ondes que moi me recevraient d’une façon toute simple, en direct. Si mes poèmes sont marqués souvent de désespoir, du moins leur cruauté n’est pas négative. Mon scepticisme est viril. Certes, je reste convaincu de l’absurdité du monde ; persuadé que les hommes n’étant pas perfectibles aucune porte de sortie ne peut s’ouvrir pour eux, sinon des échappées provisoires et dérisoires vers des oublis dont la saveur devient vite amère. « Il n’y a rien à attendre » dit un de mes marins fantômes à la fin de L’Océan sans espoir ; mais c’est une opinion d’homme fatigué d’attendre ; une philosophie que Samuel Beckett développera, plus tard, dans son fameux En attendant Godot. Le personnage qui donne à mon roman cette conclusion déprimante n’en prendra pas moins son quart de veille, quelques minutes après, à la barre de son voilier fantôme. C’est cela être un homme.

Je peins le monde humain tel que je le vois : fourbe, laid, vaniteux, stupide ; mais pitoyable ; et je continue de l’aimer tout en le détestant.

L’amour et les femmes ne m’ont pas sauvé ; les quelques amis que j’ai (et qui m’ont choisi) ne m’ont pas sauvé ; la beauté du monde, la mer, le Sahara, ne m’ont pas sauvé ; mais rien de ce que j’ai vu d’horrible : la trahison, l’injustice, la misère, la guerre, ne m’a moralement détruit.

J’ai perdu beaucoup de temps à écrire des romans qui n’ont pas paru, des livres alimentaires, des articles pour mieux vivre ou, plus simplement, pour dire ce que je croyais avoir à dire : 23 ans de critique littéraire dans un quotidien suisse, où j’ai fait connaître aux Suisses du Valais dans 1 180 articles environ 3 000 livres français. Je me suis cru romancier ; je ne l’étais pas ; mais je regrette de n’avoir écrit que deux livres de nouvelles sur les dix dont j’avais établi le plan ; car j’étais vraiment fait pour peindre, rageusement, les instants cruciaux de la vie des hommes. La brutalité d’une nouvelle était dans ma nature ; également sa concision. Une nouvelle, pour moi, c’est un abcès brusquement mis à jour et qui éclate dans les dernières lignes.

Dans mon roman fantastique, L’Océan sans espoir, j’ai tenté de projeter l’aventure humaine dans un au-delà comprimé par deux mots par quoi l’humanité se condamne : l’éternité, l’infini ; les hommes devenant une population de mains énormes face à un groupe de crânes massifs se déplaçant sur une multitude de pattes infinitésimales. Les manuels, les intellectuels.

Ce roman, et mes nouvelles des Oiseaux sont ivres et de Misères forment l’essentiel de ma façon de réagir et de me venger de l’Imperfection. Mes poèmes les complètent sur un plan plus intime, en direct dans l’impudeur ; car l’exercice poétique est essentiellement et nécessairement impudique. Le poète a l’oeil interne ; le romancier l’oeil externe. Le poète écrit avec son sang, non avec celui des autres.

Ce qui m’inquiétait, le soir de mars 68 où j’achevais d’écrire l’avant-propos (une sorte de bilan sentimental) qui allait entrer, grâce au grand éditeur Pierre Seghers, dans la célèbre collection des Poètes d’aujourd’hui, c’était de lui trouver l’apparence d’un testament, alors que je n’avais pas du tout envie de précipiter ma voiture du haut de la falaise de Pourville (bien que toujours tenté de le faire, y pensant, trouvant le geste à ma mesure) ou d’utiliser ce revolver avec lequel mon père se donna la mort et que je garde en souvenir de lui.

Je suis né d’herbes et d’orties ; d’autres sont nés d’un jet de roses. Soit ; mais les herbes et les orties sont plus résistantes que les roses.

Depuis, je n’ai jamais cessé d’écrire et d’aimer la liberté et les femmes : mes deux fascinations.

Lorsque le slogan métro-boulot-dodo devint une chanson, l’avocat de la Société des Gens de Lettres, Maître Brossollet, me dit : « Béarn, c’est de vous ! C’est tiré d’un de vos poèmes ! Vous devriez toucher des droits d’auteur ! » Je ne connais pas l’étudiant, (et je le regrette) qui, le premier, graphita ces trois mots sur les murs du métropolitain de Paris en mai 68, et pas davantage Renaud Jean, le journaliste qui eut l’idée de rechercher l’origine des slogans nés des émeutes du Quartier latin et qu’il publia le 6 août 1969 dans France-Soir. Pour lui, aucun doute, le slogan qui servait de titre à son enquête venait d’un de mes poèmes extrait de Couleurs d’Usine que Seghers avait édité en 1951 dans sa collection PS. Il citait même les quatre derniers vers :

Au déboulé garçon, pointe ton numéro

pour gagner ainsi le salaire

d’un morne jour utilitaire

Métro, boulot, bistro, mégots, dodo, zéro.

Écrire sur les murs du métro nécessite un court instant de solitude. Métro, boulot, dodo, trois mots, cela va plus vite que six, et puis, comment terminer par zéro lorsqu’on est transformé par l’enthousiasme de la contestation populaire ? Ces trois mots ne seraient peut-être jamais nés si le poème qui se terminait ainsi n’avait pas été tiré à 1000 ou 2000 exemplaires sur la machine à reproduire du Théâtre de l’Odéon et distribué dans la salle, grâce au poète marocain Khair Eddine, alors peu connu, car il n’avait pas encore édité ses poèmes aux Éditions du Seuil. La chanson qu’en tira Eddy Mitchel ne fut déposée à la Sacem que le 19 octobre 1970, alors que ma plaquette faisait partie du répertoire Sacem depuis 1951. Ce fut donc tout naturellement que je devins officiellement l’auteur du slogan. Tout naturellement, mais pas sans contestations, comme celle, aussi stupide que méprisante de l’homme télédiffusionniste des Grosses Têtes, qui s’obstina, pendant plusieurs années, à tenter de faire croire que l’auteur était Prévert. Son vase énorme de ferrailles ne parvint pas heureusement à briser mon petit verre de vérités.

« Ce n’est là que trois mots ! » disaient les mécontents. « Pas du tout ! répliquaient les autres, c’est une synthèse, celle de la vie de millions de travailleurs. » Comment aurais-je pu les souder entre eux si je ne les avais pas vécus ? La poésie c’est également l’art de donner du poids aux mots que l’on emploie, d’harmoniser leur musique, et de n’admettre que l’essentiel. Et d’extraire de soi l’essentiel de sa sensibilité.

Prendre ma retraite sous prétexte que la critique m’avait étiqueté « le libraire qui écrit », c’est-à-dire qu’il devrait se contenter de vendre les livres des autres. Non, non, non. Je suis un battant, un bagarreur. C’est alors que me vint l’idée de devenir mon propre éditeur ; mais pas à la façon dont procèdent tant de jeunes engloutissant leurs économies dans un recueil qui n’intéressera vraiment que leurs amis. Non. J’ai commencé ma vie par une revue (Mysticisme) que j’écrivais seul, (mais qui n’eut que deux numéros, car j’en étais arrivé à mendier dans les boulangeries pour parvenir à payer l’imprimeur) je décidai que je la terminerais de même. D’où la création, en 1969, de la revue La Passerelle. Cette revue, (que j’écrivais seul, tirait à 1200 exemplaires ; bien imprimée, bien brochée, j’en étais à la fois rédacteur tout court, directeur, gérant, homme de peine et délégué du personnel) m’a valu beaucoup d’ennemis. Dans la mesure où c’était une revue vivante, qui se lisait aisément, parfois même avec passion (telle qu’elle était écrite), certain nombre de mes « amis » furent mécontents qu’elle ne leur permette pas de s’exprimer aussi et de profiter de son succès. Je les comprends fort bien. Je vais même jusqu’à leur pardonner le mal qu’ils disent de moi ; un mal que la jalousie malaxe un peu trop souvent à mon goût. Mais, que serait devenue ma Passerelle si j’avais accepté des passagers ? Où serait l’originalité de cette revue si elle devenait comme les autres ? J’ai créé cette revue pour publier à ma guise Paris-sur-braises (souvenir de la libération de Paris en 1944), mes 35 nouvelles (que Gallimard et Grasset ont refusé d’éditer), mes excès d’humeur (que nul journal n’oserait publier) sur les absurdités du monde moderne, les excès de consommation, le mépris de nos dirigeants pour l’avenir, la politique des combinards, le gaspillage des matières premières, les semailles de mort (tanks, avions, missiles) dont on couvre le monde sous prétexte de faire travailler des millions de chômeurs, les chercheurs et les savants dont les trouvailles ne font qu’aggraver chaque jour la possibilité de tout détruire, etc., c’est-à-dire tout ce qui tend à amoindrir l’Homme ; tout ce qui tend à dénaturer la Nature.

Dès le premier numéro dont le sous-titre était : « revue littéraire et trimestrielle à sens unique », en réaction contre une certaine politique de l’édition (car en France, les écrivains sont à la merci des éditeurs et les éditeurs à la merci des banquiers) j’annonçai que cette revue aurait 30 numéros. Elle en eut 64, en 18 ans. J’écrivis seul les premiers numéros, puis Alain Moreau m’offrit de prendre en mains les frais d’édition. Il se disait malheureux de voir se terminer une belle aventure. Les quatre derniers numéros de 1987 ne furent publiés qu’à 1000 exemplaires ; j’écrivis l’essentiel, n’ouvrant la porte qu’à Jean Rousselot, Jean Laugier et Jacques Charles pour trois articles.

Cette réussite m’a valu beaucoup d’ennemis, d’où ma réputation de MOI-JE que m’attribuent quelques salauds, oubliant que je suis venu au secours de tous les poètes durant toute ma vie.

La naissance de La Nouvelle Passerelle, en 1999, (deux Cahiers par an d’environ 40 pages chacun), que nous publions dans le cadre de “L’association de mes Amis”* me permet à nouveau de m’exprimer SEUL face aux absurdités de la vie actuelle et de faire profiter mes lecteurs de mes fables et textes inédits. Ainsi mon cerveau ne risque pas de rouiller.

 

* * *

Pierre Béarn est décédé le 27 octobre 2004 dans sa 103e année. Il repose au cimetière de Monthléry dans l'Essonne.

 

 

* Pierre Béarn et son siècle (en bref) :

190215 juin, naissance à Bucarest/Roumanie, de parents français

1903Arrivée à Paris

191116 rue du Roi d’Alger, Paris, premiers vers en argot

1915Rencontre de Pierre Véry, qui deviendra son grand ami de toujours

1916 – Suicide du père

1917 – Ouvrier mécanicien (taxi G.7)

1922 – Engagement dans la Marine de guerre pour 3 ans

1925 – Retour à Paris

1925Rencontre d’André Breton, suivie, en 1926, de celle de Mac Orlan et d’André Salmon

1927 – Rédacteur gastronomique

1929 – Paris Gourmand (éd. Gallimard)

1930 – Grimod de la Reynière (éd. Gallimard)

1933 – Installation de la Bouquinerie du Zodiaque au 52 rue Monsieur le Prince 75006

1937L’Agonie du Suffren

1938 – Installation de la Librairie du Zodiaque au 60 rue Monsieur le Prince

1940 – Commandant d’un chalutier d’évacuation à Dunkerque

1941Mains sur la mer, poèmes

1945Voyage au pays de la Manie

1946 – Jean-Pierre et la Navigation

1947 – Les oiseaux sont ivres (nouvelles)

1947 – Misères (nouvelles) ainsi que L’Océan sans Espoir (roman fantastique)

1950 – Couleurs d’usine (poèmes

1952 – Couleurs de cendres, poèmes, suivis de Couleurs d’Ebène, Couleurs Intimes et Nocturnes

1953 – L’Afrique vivante (reportage)

1957/8 – Dialogue de mon Amour

1962 – Couleurs de mer

1964 – Passantes I

1965 – Dialogues de notre Amour (adaptation au théâtre)

1966 – Passantes II

1968 – Métro-boulot-dodo, dont il est le père, trois mots extraits de son poème de Couleurs d’usine

1969 – Couleurs éparses, poèmes

1969Mon ami Pierre Véry, préface aux oeuvres complètes

1970Premier numéro de la Passerelle

1972 – Hymne à la Bête masculine

1973 – Couleurs piégées, Grasset

1976 – Hymne à la Bête féminine

1977 – Dialogues de notre amour, Editions Universelles

1978 – 54 Fables, Editions Saint-Germain, coll. L’enfant, La Poésie 1978

1978 – Colloque à STRUGA (Macédoine), où il prédit dans un poème, aussitôt interdit, l’indépendance de la Macédoine

1979 – 48 Passantes – Tome 3 (illustré par Yves Brayer), Grassin 1979

1981 – L’Académie française couronne son oeuvre entière ; mais il n’obtient que 4 voix lors de l’élection où il était candidat

1983 – D’amour et d’eau claire, recueil de poèmes, éditions Grasset

1989 – La Bête, roman érotique , éditions Ramsay

1990 – Le Président François Mitterrand lui accroche la Croix de la Légion d’Honneur, à l’Elysée

Prix Jean Cocteau, en présence de Jean Marais

1992 – Anthologie commentée de l’érotisme dans la poésie féminine, éd. Pauvert/Terrain Vague

1994 Les grands classiques de Nathan incluent Pierre Béarn, comme seul fabuliste vivant, parmi La Fontaine, Fénélon, Florian etc., Coll. Dirigée par Alain Pagès

1995 – Grand Prix de Poésie de l’Académie française

184 fables, illustrées par Arfoll, éditions EDITINTER

Prix Alfred de Vigny, sous le Maire et futur président Jacques Chirac

1996 – Trente fragments de foule marchant vers le jugement dernier, illustrés par l’auteur, EDITINTER

Mes cent Amériques, poèmes, éd. Les Dits du Pont

1997 – Dix poignées de nouvelles fables, illustrées par Arfoll, éd. EDITINTER

Dialogues de notre amour, poèmes illustrés par l’auteur, cinquième éditions, EDITINTER

Seul acteur du Film « Pierre Béarn et la Macédoine », dans le cadre d’un film documentaire sur la Macédoine ancienne, présentation officielle à Paris, à la SGDL

1998 Arc-en-Ciel de ma Vie, tome I, des Oeuvres complètes de poésie, éd. EDITINTER

Prix Delmas de l’Institut de France

1999 – Arc-en-Ciel de ma Vie, tome II, 300 fables d’aujourd’hui, illustrées par Arfoll, etc., EDITINTER

2000 – Premier et Deuxième Cahier « La Nouvelle Passerelle », de « l’Association des Amis de Pierre Béarn » créée en octobre 1999

2000 – Deuxième édition de « La Bête », éditions Blanche, collection de poche

Troisième et Quatrième Cahier de l’Association des Amis de Pierre Béarn, (toujours écrits par lui)

Commandeur des Arts et des Lettres (décerné par le Ministère de la Culture)

2002 – Cahiers n° 5 et 6, de « l’Association des Amis de Pierre Béarn », « La Nouvelle Passerelle »

L’Arc-en-Ciel de ma Vie, Couleurs Charnelles, Tome 3 des oeuvres complètes de poésie, partiellement illustrés par l’auteur, éditions EDITINTER

2003 – Cahiers n° 7 et 8 de « l’Association des Amis de Pierre Béarn »

50 nouvelles fables étonnantes, Editinter, toujours illustrées par Arfoll, portant l’ensemble des fables publiées à 350 (10 inédites seront intégrées dans l’ensemble des fables à publier à l’avenir)

2004 – Les aventures libertines troublantes et folichonnes de Bobby et Bobinette, des nouvelles coquines (écrites entre 2000 et 2003), Editinter

Cahiers n° 9 et 10 de « l’Association des Amis de Pierre Béarn »

2004 - Le 27 octobre, décès de Pierre Béarn à l'Hôpital Cochin à Paris.

 

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